Zohey a passé la nuit dehors. A vrai dire, elle a passé la nuit avec Connor, principalement dans la forêt. Zohey est venue s'y réfugiée après un des nombreux coups qu'Alexander lui a assené. Il s'en est allé au bar, laissant Zohey derrière lui, l'obligeant à ne pas sortir hors du périmètre de la maison. Sauf que Zo a bravé l'interdiction et s'en est allée, très loin dans les profondeurs d'Aiden. Elle y a rencontré Connor, son ex-fiancé. Elle ne l'avait pas vu depuis un bon moment et à vrai dire, il l'a beaucoup aidée, comme à l'époque. Il lui manque beaucoup et elle ne sait pas comment elle va gérer la situation entre Alexander, son mari violent, et Connor, son amour de toujours, parti du jour au lendemain sans raison.

Après une journée à l'hôpital, Zohey rentre à la maison. Le stresse monte en elle, cela fait vingt-quatre heures qu'elle n'y est pas allée, et elle a éteint son téléphone. En effet, Alexander lui écrit énormément de messages et l'appelle très souvent, afin de savoir avec qui elle est, où et pourquoi. C'est souvent l'interrogatoire au téléphone et lorsqu'elle rentre à la maison. Souvent, il ne la croit pas. Il pense qu'elle est allée voir Connor ou un autre homme. Après avoir éteint son téléphone pendant un jour entier, elle n'ose pas imaginer ce que la rentrée va donner.

Zohey ouvre la porte. Elle ne dit rien, elle ne cherche pas à savoir s'il est là ou pas. A vrai dire, elle préfère être seule, mais ce ne sera pas la cas. A quoi devra-t-elle s'attendre, cette fois-ci ? Zohey pose son sac sur le petit meuble de leur grande maison et débarque dans le salon. Il est là, assis devant la télé. Zohey enlève sa veste et laisse à la vue de tout le monde son avant-bras ecchymosé, blessure que lui a fait Alexander. Elle arrive vers lui et le voit avec une poche de glace sur sa main, un linge blanc, anciennement immaculé, ensanglanté à côté de lui.

- T'as foutu quoi encore ?

Pas un bonjour, pas un "ça va?". Ce n'est pas le genre à Zohey, et encore moins de parler d'une telle manière. Elle a beaucoup changé depuis qu'elle n'est plus avec Connor et depuis qu'elle est mariée à Alexander. Sa joie de vivre s'est envolée tel un papillon. Sa liberté également.

La main d'Alexander a l'air bien amochée, d'après ce que peut entrevoir Zohey. Il ne la montre pas vraiment en fait, peut-être a-t-il honte. Elle ne sait pas, et elle n'a même pas envie de le savoir. Il est là, en face d'elle, assis sur ce canapé. Il la regarde, elle le regarde. Zohey a le regard empli de haine. Hier soir, il était là à la battre et ce soir, il semble plus que désespéré. Que se passe-t-il dans la tête d'Alexander ? Zohey aimerait parfois le connaître, même si pour elle, rien ne pourrait excuser ses gestes. Aujourd'hui, il semble tellement inoffensif et hier, elle aurait pu penser mourir s'il était allé plus loin. Que se passe-t-il dans sa tête pour avoir envie, ou besoin, de frapper une femme ?

Effectivement, elle n'en aurait pas grand-chose à faire, de savoir ce qu'il a. Enfin, elle aimerait savoir et puis, en faisant partie intégrante du personnel soignant, elle ne peut pas le laisser comme cela. En fait, Zohey est une femme très généreuse. Même quand on lui prend tout sans rien en retour, elle reste généreuse. Et cela, même avec son mari. En voyant cette main écorchée, avec en prime des débris de verre à l'intérieur, elle ne peut laisser ça comme ça.

- Non, effectivement, je n'en aurais pas grand-chose à faire. Mais je n'aime pas quand les gens sont blessés, qui que ce soit.

Par le "qui que ce soit", elle entend bien sûr "toi, mon mari violent et insultant envers moi, même toi je n'aime pas quand tu es blessé". Et bien sûr, il le comprendra. Zohey n'est pas très douée en ce qui concerne les allusions, probablement parce qu'elle est trop honnête et franche et que par conséquent, elle n'arrive pas dire les choses sans vraiment les dire.

Maintenant, il se lève et dit qu'il va ramasser le miroir de la salle de bains. Ah voilà, en plus de s'être blessé, il a cassé le miroir. Enfin, ils en ont tous les deux l'habitude. Entre leurs violentes disputes et les coups d'Alexander, ils doivent régulièrement aller racheter une table, des verres ou encore de la peinture murale. Alexander reste debout, et semble vouloir aller à la salle de bain. Cela ne presse pas. Zohey le dépasse, va à l'étage chercher des sets à pansements. Elle a toujours beaucoup de matériel de soin chez elle, comme beaucoup de soignants. Non, ce n'est pas vraiment légal de voler du matériel à son boulot, mais tout le monde le fait. Zohey redescend, revient vers Alexander, le tire au passage et l'amène au salon. Pour une fois que c'est elle qui peut en faire ce qu'elle veut, c'est rare. En redescendant, elle lui répond.

- Je ne veux pas de tes excuses. J'en ai assez, Alexander.

Au départ, Zohey le surnommait "Alex". Mais depuis, aucun surnom, autant simple qu'il soit, ne passe. C'est trop intime pour elle. Zohey se désinfecte les mains, ouvre son set à pansement stérile et commence par désinfecter la main d'Alexander. Elle retire ensuite les débris de verre, logés dans sa blessure assez profonde.

A vrai dire, Zohey ne se sent pas très à l'aise. Ils ne se touchent que très rarement avec Alexander, entendons de simples contacts. Et là, elle est en train de s'occuper de sa main blessée. En ce moment, elle se demande pourquoi elle fait cela. La plupart du temps, quand Alexander bat Zohey, il la laisse là et part, très souvent au bar. Et elle, elle doit se débrouiller selon sa douleur et ses blessures. Et ce n'est franchement pas toujours facile. Elle s'est déjà endormie sur le sol, ne trouvant pas la force de se traîner jusqu'à son lit. Puis elle se réveillait le matin, et partait au travail, comme si cela était normal. Mais bien sûr que cela ne l'était pas et, bien sûr qu'elle le savait. Mais elle n'aime pas embêter les gens avec ses histoires. A vrai dire, elle préfère plutôt écouter celles des autres, et les conseiller.

Alexander lui dit qu'il ne se rend pas compte de ce qu'il fait, et qu'il n'arrive pas s'en empêcher. Comment peut-on ne pas se rendre compte que l'on fait un tel mal ? Il réalise après souvent. Du moins, c'est ce qu'il essaie de faire croire, en s'excusant. Mais Zohey, dans leur début persuadée que ses excuses étaient sincères, ne l'est plus à présent. Elle reste lucide, et se dit qu'il fait cela pour tenter de la manipuler et de se faire pardonner, pour mieux la frapper après. Zohey voit Alexander tel un bourreau qui chasse sa victime évadée, tel la faucheuse poursuivant celui qu'elle doit tuer.
Soudain, il retire sa main et surprenant, dit qu'il a déjà vu pire avec son père. Mais de quoi veut-il parler ? Il n'a jamais fait allusion à cela. A quoi veut-il en venir ? Zohey se pose des questions, mais ne préfère franchement pas relever l'affirmation.

- Mh. Tu ne m'as jamais parlé de cela.

Déterminée, Zohey reprend la main d'Alexander. La main désinfectée, Zohey lui pose un pansement et l'entoure d'un bandage. En effet, pour éviter qu'une éventuelle infection se propage, il faut que la zone localisée ne bouge pas trop. Alexander se traite lui-même de salaud. C'est une chose qui insupporte Zohey. Il s'insulte souvent lui-même, après l'avoir frappée, comme pour se faire passer pour victime et pour se faire déculpabiliser. Après avoir terminé, Zohey se lève, jette le nécessaire médical restant et se rend dans la cuisine pour boire un verre d'eau.

Alexander est bizarre. Généralement, malgré la clarté de ses yeux, ils sont très sombres, emplis de haine. Elle sent quand il va s'emporter, quand il va la blesser. Elle connaît par coeur les raisons qui peuvent l'énerver. Mais aujourd'hui, il n'a pas cette colère dans ses yeux. Et pire encore, il parle. Gentiment, doucement. Comparé aux mots blessants des autre fois, cela change, vraiment. Zohey est ébahie. Elle ne sait pas vraiment comment réagir, à vrai dire. Elle n'a jamais vu Alexander de cette manière. Pourtant, elle sait que même comme cela, elle ne pourrait vraiment tomber amoureuse de lui. Cet homme... Ne lui correspond pas. Après Connor, c'est difficile, il faut le dire. Et puis, il est comme cela aujourd'hui. Mais comment sera-t-il dans deux heures, dans deux jours ? Probablement comme auparavant.

Il se traite de monstre. Le nombre de fois que Zohey a pensé pareil. Mais aujourd'hui, il n'en est pas un, effectivement. C'est une des rares fois où elle aurait pu lui dire "Non Alexander, tu te trompes, tu n'en es pas un." Mais à vrai dire, elle ne veut pas prononcer cela. Il est déjà allé beaucoup trop loin par le passé. Il a changé Zohey du tout au tout. Elle était une femme pétillante, optimiste, toujours de bonne humeur. Maintenant, elle est une femme triste à voir, un brin cynique. Zo n'a jamais fait preuve de cynisme par le passé, jamais. Ce n'est pas du tout son genre.
Ils se tiennent là, tous les deux dans la cuisine. Alexander déboutonne sa chemise tout en expliquant à Zohey qu'il a été battu. Aurait-il inventé cette histoire de toutes pièces, pour se faire pardonner ? Serait-ce une énième tentative de manipulation ? A vrai dire, Zo n'y croit pas vraiment. Cependant, il lui montre ses cicatrices. Alors, serait-ce vrai ?

- Je ne comprends pas pourquoi tu ne m'en as jamais parlé. Et je comprends encore moins comment tu peux me faire ça après l'avoir vécu.

Zohey passe à côté d'Alexander et retourne dans le salon. Elle-même ne sait pas vraiment si elle cherche à l'éviter ou pas. En tout cas, cette situation la met quelque peu mal à l'aise. Elle se tient debout, dos à Alexander. Elle ne sait pas quoi lui dire, et elle a peur de l'affronter, et d'affronter cette éventuelle vérité.

Zohey est choquée de ce qu'elle est en train d'apprendre. Elle n'aurait jamais pensé qu'Alexander reproduit simplement son schéma de vie sur Zohey. Mais un sentiment en elle est encore plus puissant que le choc : l'incompréhension. Comment peut-il lui faire cela alors qu'il l'a vécu ? La douleur, l'humiliation, la honte, la peur... Zoh sait très bien qu'elle sera adorable avec ses futurs enfants, voire trop, tellement elle aurait peur de les traumatiser comme elle l'a été. Certes, ces sévices ne proviennent pas de ses parents mais d'Alexander, ce qui ne reproduit pas le schéma parents-enfants mais, ici, mari et femme. Mais tout de même, elle ne pourrait jamais brutaliser quelqu'un, qui que ce soit, même Alexander, elle ne pourrait pas lui faire de mal. Alors comment peut-il faire cela ?

Les questions se bousculent dans la tête dans Zohey. Et elle, cette femme si à l'écoute des autres, n'en a pas envie pour le moment. Elle n'arrive pas entendre ces révélations et ces "excuses" indirectes. Elle ne comprend pas et elle ne se comprend pas elle-même. A vrai dire, malgré qu'il porte les preuves sur lui, elle a toujours de la peine à le croire. Elle qui est si compréhensive et peu rancunière, c'est maintenant tout le contraire. Lorsqu'il lui dit qu'il ne veut plus recommencer et la battre à nouveau, elle se retourne d'une manière assez brutale, afin d'être face à lui.

- Je suis désolée pour toi Alexander. Mais moi qui pardonne facilement, là, je ne peux pas. Je te comprends pas. Malgré tes révélations, je me sens plus loin de toi que jamais...

A ce moment précis, Zoh hésite à lui dire qu'elle aimerait faire une pause. Elle sait que s'ils en faisaient une, elle ne reviendrait pas, malgré les éventuels espoirs d'Alexander. Mais elle a trop peur des représailles de cette lourde révélation. Elle a peur qu'il explose à nouveau. Il est là, torse nu, face à elle. Zoh s'appuie sur le divan derrière elle, et observe toutes les parties du torse d'Alexander.

Lorsque Alexander se laisse tomber au sol, Zohey lève les yeux au ciel. Pour elle, c'est une scène beaucoup trop exagérée. Elle le regarde, avec un regard empli à la fois de pitié et de haine. Elle ne comprendra probablement jamais ce revirement de situation. Il lui dit de ne même pas prendre la parole et franchement, tant mieux. Elle ne saurait absolument pas quoi lui dire. En fait, elle a presque envie de le remercier de la laisser partir. Pourtant, c'est une chose tout à fait normale que de laisser partir quelqu'un, malgré sa difficulté. Mais là, elle a dû attendre son aval pour qu'elle s'en aille. A vrai dire, elle ne l'aurait jamais fait de son plein gré, elle aurait eu trop peur des représailles. Mais là, l'occasion est à saisir !

- Euh... Je... Franchement, je ne sais pas quoi te répondre Alexander. Je n'ai pas l'habitude de te voir comme ça, il me faut du temps. Je vais partir, peut-être que ce sera provisoire, peut-être pas... Je vais m'installer à l'hôtel ou chez une copine.

Zohey tourne les talons, laissant Alexander plus que jamais désemparé. La dernière fois qu'elle a croisé son regard, elle a retrouvé celui du Alexander colérique. La peur au ventre, elle monte gentiment dans la chambre, tentant de garder son calme. Elle ne sait pas s'il va la suivre ou pas, elle ne sait pas s'il va recommencer à la frapper ou pas. Ce dernier regard noir l'a particulièrement marquée.

Dans la chambre, Zohey prend une valise. Elle y range tous ses habits, avec plus ou moins de difficulté, vu la quantité qu'il y en a. Elle essaie de prendre toutes ses affaires, mais elle repassera en chercher d'autres une fois. Zohey n'en revient pas de la situation. Est-ce qu'il est vraiment en train de la laisser partir ? Elle a effectivement toujours gardé un petit espoir en elle, de partir un jour. Mais cet espoir était enfoui au plus profond d'elle et à la surface, elle n'y croyait plus vraiment.

Lorsque Zohey a presque fini sa valise, Alexander débarque dans la chambre conjugale. Elle est dos à lui et entend sa voix. Elle ne sait pas vraiment pourquoi, mais elle a un mauvais pressentiment. Que va-t-il se passer ? Sa voix est si douce comparé à d'habitude, ce n'est pas vraiment normal en fait, et c'est probablement la raison pour laquelle Zohey ne le sent pas vraiment super bien. Mais la belle décide de rester calme, optimiste et positive, comme d'habitude. A vrai dire, elle est plus ou moins au courant qu'elle a changé depuis qu'elle s'est mariée. Elle a donc décidé de changer à nouveau pour redevenir la Zohey pétillante d'avant.

Voilà qu'Alexander supplie Zohey de rester. Il veut qu'elle reste avec lui. A ce moment-même, Zohey se demande s'il comprend vraiment ce qu'elle vit ou pas. Dans la logique des choses, il devrait plus ou moins imaginer ce qu'elle vit, même si le calvaire qu'il a vécu n'est pas totalement le même. Soudain, Zohey sent les mains d'Alexander sur ses hanches et ses lèvres se poser sur son cou afin de la couvrir de baisers. A ce moment-là, des frissons parcourent tout le corps de Zohey. Elle ne sait pas vraiment si cette sensation provient d'un certain désir ou au contraire, d'une certaine aversion. Elle ne sait pas vraiment comment réagir.

- Je... Je ne sais pas Alexander. J'ai besoin d'une pause et je pense que toi aussi.

Avec hésitation, Zohey se retire et se lève. Elle ferme totalement sa valise, la lève et la tient. Elle regarde furtivement Alexander dans les yeux. A vrai dire, elle ne sait pas tellement comment réagir et quoi dire, afin de ne pas l'énerver. Mais pour une fois, elle n'a pas envie de passer en deuxième pour être sauvée des coups, par simple gentillesse ou par pitié.

Zohey a peur. Elle hésite entre faire ce qu'il désire et donc lui dire qu'en réalité, elle aimerait aussi continuer avec lui et entre crier elle aussi. Dans les disputes, généralement, elle va dans le sens d'Alexander pour échapper aux coups ou pour les diminuer. Mais là, elle en a marre et de plus, il lui a menti. Il venait de lui dire qu'il ne la touchera plus et qu'il était désolé. Mais finalement, sa violence est revenue très vite. Elle ne sait plus quoi faire, et elle est tremblante. La peur peut se lire dans les yeux de Zohey, tandis que la haine se voit dans ceux d'Alexander. Il frappe à quelques centimètres de la tête de Zohey alors qu'il lui dit qu'elle lui appartient.

- Tu as menti ! Tu as dit que tu ne me toucheras plus mais tu as menti !

Finalement, Zohey a opté pour se faire entendre, et pas pour aller dans le sens de son cher et tendre. Alexander jette la jeune femme sur le lit, il est très en colère. Les propos de la belle n'ont pas aidé à calmer le jeune homme. Mais elle sait que si elle lui demande de se détendre, il sera encore plus énervé. De plus, il n'arrête pas de faire allusion à Connor. Il dit qu'elle va aller le rejoindre, et qu'elle n'a que lui en tête. En effet, pour le coup, elle aurait préféré dormir à nouveau chez lui ce soir. Mais de cette pause, elle en a réellement besoin, même si elle sait qu'elle ne reviendrait pas.

- Arrête de parler de Connor, il ne s'agit pas de lui pour le moment. Je suis désolée Alexander mais j'ai juste besoin d'une pause. Mais ce n'est pas grave alors, je vais ranger mes affaires et je vais mettre la valise à la cave. Je veux aussi que ça marche Alex...

Zohey mise sur les sentiments. En prononçant cette dernière phrase, elle passe sa main sur la joue d'Alexander, et puis elle prend bien attention à le surnommer "Alex", comme au tout début. Peut-être que cela aura un impact sur lui. Enfin, s'il l'aime vraiment, cela aurait de toute manière un impact sur lui et elle le sait.

En ce moment-même, l'esprit de Zohey est totalement brouillé. Elle ne sait plus quoi faire, plus quoi dire, elle ne sait plus rien. La seule chose qu'elle veut, c'est de s'enfuir de cette maison. Mais elle ne l'ose pas l'avouer à Alexander de peur des représailles. Est-ce qu'un jour ils pourront avoir une relation normale ? Rien que de l'amitié ? Elle en doute fort. Zohey pense bien qu'Alexander n'est pas le genre d'homme à rester ami avec son ex. Non, Zohey se doute plutôt qu'il est du genre à pourrir la vie de son ex au possible, jusqu'à ce que lui arrive à passer à autre chose. Peut-être qu'elle a tort, peut-être qu'il aimerait vraiment améliorer les choses entre lui et Zoh. Mais elle a de la peine à y croire.

Il est complètement lunatique. Il y a une trentaine de minutes, il la laissait partir, il était d'accord de faire une pause. Puis il a changé du tout au tout et est redevenu comme avant, avec sa haine et sa violence. Puis à présent, il est à nouveau doux et "gentleman". Zohey n'arrive plus à le suivre et elle ne sait plus comment elle doit être. Parce que oui, avec Alexander elle n'est pas elle-même, elle varie son attitude et son comportement selon les humeurs de son mari.

- Tu es allé trop loin, je sais plus quoi faire, j'ai besoin de temps et je ne pourrai pas le faire dans notre maison...

Zohey espère que ses paroles convaincront Alexander, mais elle-même n'en est pas sûre. Par peur d'un coup, elle se glisse afin de ne plus être sous Alexander et se lève du lit. Elle se tient debout et prend bien attention à garder une distance de "sécurité" par rapport à lui.

- Je sais pas si je pourrai vraiment continuer, je ne me sens pas à l'aise ici...

Zohey, qui est habituellement une personne franche et honnête, ne l'a jamais été avec Alexander. Elle n'a jamais pu lui dire la vérité en le regardant dans les yeux, car il lui a toujours fait peur. Du coup, elle a toujours préféré lui dire ce qu'il voulait entendre plutôt que de lui dire ce qu'elle pensait vraiment. Alors là, lui dire la vérité, ce qu'il demande, ce n'est pas si facile. Il veut tout entendre, mais pourra-t-il entendre la vérité ? Pas sûr. Et Zohey, qui rêve de lui dire ce qu'elle pense, n'est pas sûr de pouvoir le faire. Mais il le faut, c'est ce qu'il lui demande, alors elle doit le faire, pour son bien à elle et à lui.

- Moi je ne peux pas t'aider Alexander, je suis comme je suis et je ne veux pas changer, tout ce que tu peux faire c'est te confier à un vrai ami ou encore, aller voir un psy. Mais moi, même si je suis ta femme, je ne suis pas la personne qui pourra t'aider.

La vérité sera peut-être difficile à entendre, mais c'est ce qu'il lui demande alors elle s'exécute, en espérant qu'il ne la frappera pas parce qu'il n'aurait pas accepté les durs mots sortant de la bouche de Zohey. La jeune femme est au courant qu'elle le rejette alors qu'il revient, qu'elle lui fait probablement du mal en voyant Connor, et de par son comportement. Mais elle n'arrive pas à agir et réagir autrement, après tout ce qu'il lui a fait.

- Si tu veux vraiment que je sois honnête, si je pars, je ne reviendrai pas, je le sais déjà et je ne changerai sûrement pas d'avis. Comme je te l'ai dit tu es allé trop loin, et... je ne t'aime pas...

Voilà, c'est dit. Maintenant, comment va-t-il réagir ? Zohey s'éloigne encore plus jusqu'à ce qu'elle atteigne le meuble derrière elle, ne pouvant ainsi plus reculer. Elle regarde Alexander dans les yeux, attendant sa réponse et se demandant bien ce qu'il va faire et dire. Va-t-il la retenir ? L'empêcher de partir avec sa force ? Ou la laisser ?