SALVATORE - Rendez-vous entre amis.

Je frissonne. Il fait gris et froid. Nous sommes en janvier. Je soupire. Comment puis-je m’ennuyer alors que je suis enfin de retour chez moi ? Après tout je suis née à Aiden et même si je n’y ai pas vécu  longtemps je suis enfin de retour au bercail, je devrais être heureuse non ? Je le suis, c’est certain, cependant je m’ennuie ferme. Alors, poussant un soupire et passant une main dans ma chevelure brune j’attrape mon téléphone portable que je ne sais pas encore manier correctement. J’arrive toutefois à envoyer un texto à Stefan, mon ami, celui que je devrais avoir depuis toujours … cette idée perce dans mon cœur alors que je lui demande s’il a du temps à m’accorder pour boire un verre ou un café. Reposant mon portable sur ma table de nuit, je traine dans mon lit, incertaine quant à sa réponse quand j’entends tinter un « PING ». Me précipitant sur mon cellulaire, je souris automatiquement lorsque je m’aperçois qu’il a du temps à m’accorder. Heureuse, je lui réponds et je me précipite dans ma petite armoire pour me trouver une tenue plus que convenable pour un rendez-vous entre amis. J’opte pour une robe de couleur crème, très jolie, qui me sied à merveille. J’enfile une paire d’escarpins noirs et je noue mes cheveux en une queue de cheval avant de partir le rejoindre. Le chemin est sans doute l’épreuve la plus longue dans mon périple quand j’émerge enfin au café. Prenant place à une table, j’attends mon ami qui ne daigne montrer sa tête lorsque je l’aperçois. Un sourire aux lèvres, je me lève pour le presser légèrement contre lui, déposant un baiser sur sa joue. « Bonjour Stefan. Je suis heureuse de te voir, cela me fait réellement très plaisir d’être en ta compagnie. » Je me rassois de nouveau, toujours souriante. «  Je me porte bien et toi ? Je voudrais un moka s’il te plait. » Je n’aime pas énormément le café, je ne supporte que le moka, mais cela personne n’a besoin de le savoir. Serrant mes mains je le fixe, le regard pétillant. « Alors, dis-moi, je ne te dérangeais pas au moins ? » Inclinant ma tête sur le côté, je mordille ma lèvre inférieure quand le serveur nous apporte nos cafés. « Merci. » Je souffle, avant d’avaler une gorgée de mon breuvage chaud.  

SALVATORE - Rendez-vous entre amis.

Je suis heureuse de me retrouver avec Stefan, c'est un véritable ami sur qui, je pense, je peux compter, mais irais-je jusqu'à lui dévoiler mon plus précieux secret ? Irais-je jusqu'à lui dire que je suis la mère de feu, celle qui peut aller dans les flammes sans être brûlé ? Je soupire. Non bien sûr que non. Je n'ai pas le droit de dévoiler ainsi mon secret, cela pourrait bien me mettre en danger et mon protecteur m'a toujours dit de le garder dans ma nouvelle vie à Aiden bien que je sois née ici. Alors, je préfère garder le silence, après tout Stefan n'a pas besoin de savoir et pourtant comme j'aimerais partager mon secret avec lui, mon ami. Repoussant une mèche derrière mon oreille je bois de nouveau ce délicieux moka alors que la chaleur dans ma gorge ne me brûle pas. C'est l'avantage d'être la mère de feu, rien ne me brûle. Esquissant un sourire puis faisant la grimace à ses propos, je ne préfère pas évoquer ce dont il vient de me parler et pour cause, je ne désire pas remuer le couteau dans la plaie et lui faire ainsi du mal. Alors, je réfléchis à ce que je pourrais dire pour faire diversion, mais il est bien plus rapide que moi à ce jeu ci. « J'ai commencé à me mettre au sport moi aussi. » Je lui avoue, en ne prenant pas la peine de souffler sur mon moka bien chaud puis je hausse les épaules avant d'ajouter : « Je me suis mise à la course, puis au vélo d'appartement. Avec de la musique c'est mieux bien entendu. » Je lui souris sincèrement en regardant autour de nous. J'aimerais en savoir davantage sur mon ami, mais je sais que certains sujets ne doivent pas être abordé alors de quoi parler ? Il est peu loquace quant à sa vie et je fais de même, me protégeant ainsi moi et mon secret pourtant c'est toujours un véritable plaisir de pouvoir le voir et lui parler alors, d'un air qui semble être ahuri je lui souris toujours en me creusant la tête. Mordant frénétiquement ma lèvre inférieure j'ajoute : « Sinon j'ai fais de nouvelles rencontres ... notamment une jeune femme qui travaille avec moi et avec qui je suis maintenant amie, elle se nomme Quinn. Cela me fait bizarre je dois dire. Je devrais vous connaître depuis toujours, mais je ... » * Tais-toi Daenerys * me souffle alors ma conscience. Je me dois de l'écouter coûte que coûte sinon je cours à ma perte ...

SALVATORE - Rendez-vous entre amis.

Je souris quant à sa question de savoir si j'ai besoin de me défouler. Oui, j'en ai besoin, évidement, j'en ai besoin. Il le faut même. Si je ne me défoule pas je suis incapable de rester en place trop longtemps, j'ai toujours le besoin de faire quelque chose, coûte que coûte quoi qu'il arrive. Dans toutes les situations il faut que j'agisse, que cela soit dans la joie ou bien dans la peine, je suis en perpétuelle mouvement ce qui en agace plus d'un, mais je ne peux rien y faire je suis ainsi. Je ne contrôle mon énergie qu'à l'aide du sport et qu'au danger, mais ici je suis censé vivre tranquillement, aucun danger ne doit s'aventurer sur ma route, du moins c'est ce qu'affirme mon protecteur et je le crois. Alors, je ne me fais pas de soucis outre mesure bien que je dois cacher qui je suis aux yeux de tous. Cela me fait autant de bien que de mal au fond puisque je ne peux pas me montrer sous mon véritable jour. « Oui, j'ai besoin de me défouler comme tu dis. » Buvant de nouveau une gorgée de mon moka, je me pince les lèvres lorsque je me rends compte que je meurs de faim. Que pourrais-je bien acheter pour assouvir ce besoin ... un brownie ? Un cookie ? Tout ce sucré me donne l'eau à la bouche pourtant, je n'ose me lever et laisser Stefan ne serait-ce qu'une seule minute. Je suis bien trop timide pour ce genre de chose et puis j'ai peur qu'il disparaisse à la seconde où je me serais retournée alors, je reste assise à ma place, dégustant toujours mon moka brûlant. Lorsqu'il me parle de sa vie et de son enfance brièvement, mon cœur se relâche peu à peu. Lui aussi est né ici mais n'y a pas vécu tout comme moi. Cela nous fait un point commun avec monsieur Salvatore et cela me donne envie de me confier à mon tour. « C'est vrai que c'est assez facile de s'entourer ici, les gens sont plus que sympathiques. Je ne savais pas que toi aussi tu avais dû partir d'Aiden lorsque tu étais enfant. J'espère que ça n'a pas été trop difficile pour toi ? Je ne m'en souviens même plus pour ma part, j'étais si jeune ... quoi qu'effrayée ... » Oui, c'est bel et bien le mot juste : effrayée. Nous nous faisions poursuivre par les hommes qui avaient tué notre père, du moins c'était ce qu'affirmait toujours mon frère, aujourd'hui je ne sais plus réellement quoi croire. L'essentiel est que je sois rentrée saine et sauve à la maison, à Aiden. Lorsque j'émerge de mes pensées, j'entends les propos de Stefan et seul un : « OH ! » sort d'entre mes lèvres. M'empourprant je regarde ailleurs avant de baisser les yeux. « Parfois il vaut mieux être seule tu sais. » Je souffle et puis avec mon expérience des hommes - ayant été marié à l'âge de mes quatorze ans - je préfère être seule plutôt que mal accompagné.

SALVATORE - Rendez-vous entre amis.

Ses paroles me fendent le cœur, elles m’atteignent au plus profond de mon être. Personnellement j’ai la nette et sincère impression que l’on m’a arraché à Aiden à présent. Cette vie de poursuite ne m’a guère aidé, au contraire. Je n’ai pas eu d’enfance normale puisque je passais de pays en pays pour rejoindre ceux de l’Est qui selon mon feu frère étaient les plus surs pour que l’on soit en sécurité. Cependant je n’ai jamais vu nos poursuivants, je n’ai jamais entre aperçu les hommes qui avaient tués notre père. Depuis, je pense que tout ceci n’était que des histoires de la part de Viserys, il était fou et il m’a entraîné dans sa folie. Il a d’ailleurs fait bien pire que cela en me donnant à cet homme riche bien plus âgé que moi. J’ai été violé par sa faute, j’ai vécu mille vies par sa seule et unique faute, cependant n’en suis-je pas ressortie d’autant plus forte ? Après tout n’ai-je pas assisté à la mort de mon frère sans ciller ? Je suis devenue une vraie femme à cause de lui et cela à l’âge de mes quatorze ans. N’aurais-je pas mérité de vivre une véritable enfance comme tout à chacun ? Si bien évidemment, toutefois la vie n’est pas aussi simple. « J’ai traversé de nombreux pays pour finir mon errance dans l’Europe de l’Est. » Je hausse les épaules, je n’ai guère envie de parler de cela même si au fond cela me ferait sans doute du bien. Je ne sais réellement ce que je veux en cet instant. Les souvenirs refont surfaces ainsi que les fantômes de mon passé et cela ne m’enchante guère. « J’aimerais bien manger un petit quelque chose. » J’ajoute pour changer de conversation alors qu’il m’avoue qu’il vaut mieux être seul. Dans un soupire, je lui avoue, un sourire triste ornant à présent mon visage : « La solitude est parfois l’une des meilleures alliées tu sais. Lorsque l’on n’a guère d’attache on peut survivre à tout. » Ce qui est vrai. Il vaut mieux ne pas s’attacher pour ne pas souffrir c’est du moins ainsi que je vois les choses, pourtant, ne fais-je pas le contraire en me faisant des amis ? Après tout je n’en ai jamais eu avant de revenir à Aiden. Suis-je entrain de courir à ma perte ? Je me sens totalement perdue …