Voici 24 heures que je savais qu’Izzie était revenue en ville. Nous nous étions croisés pour la fois il y a 24 heures. Et disons que les retrouvailles n’avaient pas été bonnes… Je n’avais pas forcément été très gentil mais je ne le regrettais pas. La belle m’avait vraiment pris de court. Mais il fallait que j’éclaircisse tout cela, j’avais des tas de questions à lui poser. Cela faisait 24 heures que l’histoire me tournait dans la tête : devais – je prévenir Joséphine ? Je ne lui avais toujours rien dit. Pourquoi Izzie était – elle revenue ? Qu’attendait – elle de moi ? Que devais – je faire ? Foncer dans ses bras et abandonner Joe ? Toutes ces questions n’avaient pas de réponse. Je n’avais pas dormi de la nuit. J’avais prétexté auprès de Joséphine que je prenais la garde d’un collègue. En réalité, je m’étais isolé dans un parc. J’avais bu quelques verres et j’avais besoin de réfléchir, seul. Comment le prendrait – elle ? Je commençais déjà à lui mentir. Tout cela n’était pas bon … J’entrepris de me rendre dans son nouvel appartement, je voulais la voir seul à seul sans que des oreilles ne nous entendent. J’envoyais donc un rapide message à Meredith pour qu’elle me donne la nouvelle adresse de la belle blonde. Il devait être 6 heures du matin lorsque je me trouvais devant la sonnette. Il me fallait le courage d’appuyer dessus, ce que je finis par faire après cinq minutes. « Izobel, c’est Alex. Tu peux m’ouvrir ? Je pense qu’il faut que l’on parle… ». Mon message avait été court. Je ne l’appelais que rarement par son prénom complet. Et, à vrai dire, je ne sais pas pourquoi je l’avais appelé de la sorte maintenant. J’attendais donc sa réponse. Les secondes qui passaient me paressaient des heures. Elle devait certainement dormir. Je n’avais pas réellement pensé à l’heure. « Izobel, si tu dors, ce n’est pas grave. J’essaierai de passer plus tard. ». Mais enfin, pourquoi avais – je fait cela ? Je mentais à Josephine en lui cachant son existence mais aussi l’endroit où je me trouvais. Je ne me reconnaissais plus vraiment à cet instant présent. Que venais – je chercher en voulant voir Izzie ? Et puis, je n’étais pas présentable. Je portais un vieux jeans avec un t – shirt. J’étais frigorifié, c’est vrai. Mais j’étais un homme, c’était donc le moindre de mes soucis. Il devait avoir fait que quelques degrés cette nuit…

J'étais rentrée tard dans la nuit après avoir passée une bonne partie de la soirée à boire avec Meredith . Nous nous étions retrouvés autour d'un verre au début, qui s'était vite transformé en un deuxième puis un troisième pendant que nous nous racontions du mieux qu'on pouvait deux ans de nos vies. Anecdotes, potins et grandes lignes des choses qui nous étaient arrivés. Finalement, la discussion avait très vite dévié sur le sujet principal de mes préoccupations : Alex. Comment avait-il réagi à mon départ ? Avait-il réellement refait sa vie après mon départ ? Toutes ces questions était restés sans réponse, je me retrouvais face à une Meredith silencieuse qui remplissait mon verre comme seule réponse. " Il faut que vous parliez je pense... C'est le plus simple Izz, ce n'est pas à moi de te dire ça, puis tu connais Alex... Il a toujours été secret, encore plus après ton départ. "

En rentrant dans mon petit appartement froid et qui était tous sauf acceuillants, je m'étais effondré sur ce petit sofa devant ma télévision. Une photo de notre mariage me narguait sur la table, je l'avais emmené avec moi. Elle ne me quittait jamais à vrai dire. Elle me permettait de garder espoir, et me dire que ce passé serait peut-être de nouveau futur un jour... Sans doute à tort vu la rencontre de la veille avec Alex. Je n'avais pas vraiment réussi à fermer l'oeil de la nuit alors j'avais envoyé un texto à Meredith lui proposant de passer. Je savais qu'elle était en repos et qu'elle n'avait rien de prévu. "N'hésite pas à m'appeler Izz si tu as besoin de quoi que ce soit..." M'avait-elle dit. Bon c'est vrai que je n'avais besoin de rien précisément, juste besoin de quelqu'un avec qui regarder un film ou manger de la glace, quelqu'un qui m'aiderait à me changer les idées. Il était 6h du matin, mais nos horaires décalés de garde, nous donnait l'impression d'être 20h. La sonnette retentit enfin. Je savais que je pouvais compter sur elle, malgré que j'avais eu un doute sur sa venue suite à sa non réponse à mon texto. J'entendis sa voix... Ce n'était pas elle, c'était lui. Alex était là. Mon regard se figea sur ce petit écran qui le montrait fatigué et perdu en bas de chez moi. Qu'est ce que lui foutait là cette fois et à cette heure là ? J'étais heureuse et effrayée à la fois. Qu'est ce que j'étais censé faire ? censé lui dire ? J'étais loin d'être présentable. Mes cheveux blonds en bataille me faisaient ressembler à un lion, on pouvait encore apercevoir des trainées de mascara sous mes yeux et je portais un vieux tee-shirt à Alex que j'avais embarqué dans mes affaires. Je n'avais jamais réussi à m'en séparer, je m'en servais de doudou et essayais de retrouver son odeur qui me manquait jusqu'au jour ou j'avais finalement réalisé que la seule odeur qui était sur cette guenille n'était que la mienne. Peu importe, il me retrouvait chaque nuit et me disait dans mon esprit enfantine : " Je ne serais jamais loin de toi... " comme il m'avait dit avant l'une de mes opérations.

Je pris la voix la plus calme que je pouvais le faire à cette heure là. " Non non je suis réveillée, monte... Deuxième étage sur la droite. " J'appuya sur le bouton et entendit la porte claquer derrière lui. Plus que deux étages nous séparait. Le bruit des marches sonnait comme des gong, attendant péniblement la raison de sa venue.

Et zut, elle était là, elle avait répondu. Voilà qu’elle avait été ma première réaction. A peine j’avais sonné que je le regrettais déjà. Au début, j’avais cru qu’elle dormait. Mais non, elle était réveillée. Bon, et bien Alex, il ne te reste plus qu’à monter. Oh, je savais que notre conversation allait sûrement finir en engueulade. Mais tant pis. Au moins, cela se ferait dans la sphère privée et pas à l’hôpital devant tout le monde… Je montais donc les étages assez doucement, me demandant qu’elle serait ma première parole de la journée envers elle. Mais je ne trouvais pas, je n’en avais aucune idée. J’entrepris d’envoyer un message à Josephine. Il fallait que je lui dise la vérité. De toute façon, elle ne tarderait pas trop à savoir mais je restais évasif sur son contenu. « Coucou ma belle, j’espère que je ne te réveille pas. Je suis parti régler quelque chose de personnel. Je rentre te retrouver le plus possible. Bisous ! ». Voilà, je me sentais déjà beaucoup mieux de ce côté – là. Maintenant, je savais qu’elle allait se poser des tonnes de questions. Et je m’attendais, bien évidemment, à une réponse. Mais je ne prendrais pas le temps de le faire maintenant. Je devais concentrer toute mon énergie sur Izzie même si elle ne le méritait pas… J’arrivais donc finalement devant sa porte. Je pris une rentrée d’air avant de frapper à sa porte. Il ne lui fallut que peu de temps pour m’ouvrir. « Bonjour Izzie. ». Finalement, j’avais voulu commencer sur un ton calme, serein. Il ne fallait pas que je m’énerve directement. « Est – ce que je peux entrer ? ». J’étais mal à l’aise, vraiment. J’étais dans un environnement qui n’est pas le mien, j’étais complètement perdu. Je la regardais alors. Elle était vraiment belle, un tout autre style que Josephine. Même si cette dernière était magnifique ! Izzie avait été mon premier amour. Et tout le monde sait que son premier amour reste gravé. Il m’est impossible de nier la jolie blonde, de faire comme si de rien n’était. Elle avait été une partie de ma vie. Et c’était comme cela. Il fallait que je lance la conversation. C’était moi qui était venu, pas elle. Finalement, c’était moi qui venais la rechercher ? Qui me montrait en position de faiblesse ? Je n’aimais vraiment pas cette situation. « Je t’écoute. ». C’était les seuls mots qui étaient sortis de ma bouche. Je voulais savoir ce qu’elle avait à me dire, pourquoi elle était revenue ici après m’avoir fait autant de mal. Il fallait que je sache tout cela. Je la regardais alors, attendant une réponse.

Alex pénétra doucement dans l'appartement, tout en regardant discrètement autour de lui. Aucune photo, aucune décoration, aucune personnalisation de l'endroit. Juste lui et moi. Cet endroit n'avait rien de chaleureux mais qu'importe, il était là. Il était venu jusqu'à chez moi. Je ne savais pas si je devais me réjouir ou craindre le pire. Un malaise s'était installé avant qu'Alex prenne juste la parole pour me dire qu'il m'écoutait. Suite à ce que je lui avais dis la veille, la curiosité l'avait animé et il voulait connaitre la raison de mon retour.  Et maintenant qu'il était là face à moi, que devais-je dire ou faire ? Lui faire la plus belle déclaration d'amour jamais faites ou l'embrasser comme jamais et tout faire pour qu'il ne me quitte plus. Plus jamais.

Je l'attirai vers le canapé et lui fit signe de s'asseoir. Chacun sur l'une des extremités, nous avions peur du contact et de ce qui pourrait passer ensuite. Je pris le plaid et l'enroula autour de mes jambes nues. " Je n'aurais pas du Alex je sais... Je n'aurais jamais du te laisser. J'aurais du me battre pour nous et arrêter de m'enterrer dans mon silence et te parler de nos problèmes. J'aurais du faire un tas de chose Alex, mais j'en étais incapable... J'ai pas ta force à pouvoir affronter les épreuves de la vie comme tu le fais. J'ai été lache. J'ai fuis ma vie et je t'ai fuie par la même ocassion... Je suis désolée. " La distance entre nous c'était quelque peu rétrécie, ma tête jonglait entre le sol et lui. Mon regard était embuée de larme à présent. Sa présence me mettait dans un tel état que je n'arrivais plus à cacher mes émotions et mes sentiments. Après ces deux années à faire comme si tout allait bien et que ma nouvelle vie me convenait, je n'arrivais plus à faire semblant. J'attendais un mot, un geste de sa part qui me dirait : Maintenant le futur est à nous Izz, peu importe notre passé chaotique, notre futur n'en sera que plus beau...

J’étais entré dans cet appartement. Il n’y avait rien nulle part, juste des cartons à moitié ouvert. Izzie devait ne pas avoir eu le temps de s’installer décemment. Je n’aimerai tellement pas vivre dans ce genre d’endroit. C’était bien trop petit, j’avais besoin d’espace. L’ancienne maison de Meredith me convenait parfaitement et ce que j’appréciais par-dessus tout même si je ne le montrais que très rarement, c’était la vie qu’il y avait dans cette maison… Enfin, là n’est pas le sujet. Izzie m’avait immédiatement invité à m’asseoir dans le canapé. Nous étions chacun à une de ses extrémités. J’avais Joséphine dans ma vie depuis quelques jours. Je refusais de lui faire cela, je ne pouvais pas être trop tenté. Izzie était la beauté parfaite mais elle avait son caractère… Elle était là, portant un t – shirt qui me disait quelque chose. Il me semblait l’avoir déjà vu mais je ne m’éternisais pas sur ce détail. Mes yeux ne pouvaient quitter la partie du corps que je préférais chez elle : ses jambes. Elles étaient longues et fines, tout ce que j’aimais. Dès qu’elle eut mis le plaid sur ces jambes, je me concentrais sur ce qu’elle s’apprêtait à me dire. Je l’écoutais donc, tous les mots qu’elle me disait. Je ne voulais pas les interpréter, je les prenais uniquement comme ils venaient. Je la voyais les yeux embués. Autant vous dire que je détestais la voir dans cet état. Mais je ne pouvais pas craquer, pas maintenant. « Mais de quels problèmes parles – tu ? Tu es partie comme cela du jour au lendemain sans que je ne m’en doute. Je me suis retrouvé seul et totalement perdu… ». Je ne parlais pas fort mais on pouvait comprendre qu’il y avait une once de colère dans ma voix. Je lui en voulais complètement. Elle avait changé ma vie. Je ne sais pas ce que nous aurions pu être aujourd’hui si elle n’était pas partie. Il fallait que je fasse quelque chose face à ses larmes. J’entrepris donc d’attraper légèrement sa main. Je voulais lui montrer que j’étais là, qu’elle n’était pas toute seule. « Izzie, arrête de pleurer, je n'aime pas te voir comme cela... Arrête, s'il - te - plaît. »

Alors que mes yeux fixaient mes mains posées sur mes genoux, je vis sa main prendre la mienne. S'entremêler à mes doigts frêles. Tout n'était pas foutu ou fini ! C'était son signe à lui de me dire qu'il y avait un espoir et qu'il m'aimait encore... Je le savais. Alex n'avait jamais été très à l'aise avec les grandes déclarations et ses mots avaient toujours été maladroits. L'une des seules et uniques déclarations avait été le jour de notre mariage, j'en avais été la première surprise. Lui si maladroit, secret et brut m'avait dit les mots les plus doux qu'on pouvait dire à une femme. J'étais et resterais sa femme, comme il était et resterait mon homme à jamais. On se l'était promis... Ça devait forcément compter un peu pour lui non ?

Mes larmes coulaient et son inquiétude à ne pas vouloir me voir dans cet état, me rassurait. Ses mots me rendaient heureuse et me firent rigoler nerveusement de bonheur. Il ne m'avait pas totalement oublié et n'étais pas passer à autre chose comme il me l'avait laissé croire, ou pas totalement du moins. Je serrai ses doigts et posai ma main sur son torse instinctivement. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas touché le corps d'un homme. Son corps me manquait tellement aussi... De repenser à ces étreintes passionnées me mirent des frissons partout. Je le regardais, mais mon regard s'était perdu sur sa bouche, ses lèvres qui autrefois me parcourait entièrement. Je les désirais plus que tout en cet instant. " Alex... Tu me manques... " Ma voix s'était brisée en prononçant ses derniers mots qui m'étaient difficiles à dire. " Tout me manque... Ta présence, ton rire, ta façon de me dévorer des yeux et de me faire sentir la plus jolie des femmes... Même ton côté grincheux et râleur me manque Alex... Je n'y arrive plus sans toi. " Un sourire s'était dessiné sur mes lèvres, et nos corps eux, n'étaient plus très loin l'un de l'autre. Ma main, elle, était toujours posée sur son torse, rêvant de le parcourir entièrement.

Je savais qu’au fond Izzie était la femme de ma vie. Mais avions – nous besoin de vivre avec cette personne ? Izzie était la femme la plus belle au monde, elle avait toujours été mon idéal féminin. Je n’avais jamais vraiment vu ma vie avec quelqu’un d’autre qu’elle. C’était elle et ça avait toujours été elle ! Elle s’approchait de moi de plus en plus. Je devais le lui dire, je devais lui dire qu’il y avait une autre femme dans ma vie. Comment lui annoncer cela alors qu’elle retrouvait peu à peu le sourire… Mais je ne voulais pas le lui dire maintenant tout de suite. « Tu me manques aussi, Izzie. Mais d’une autre façon que ce que je ne te manque. J’ai aussi une folle envie de te prendre dans mes bras. Mais tu m’as fait énormément de mal en partant du jour au lendemain comme cela. Et j’ai réussi à remonter tout doucement la pente. Je ne m’attendais pas à te voir maintenant. Mais pourquoi ? Pourquoi as – tu décidé comme cela de remontrer le bout de ton nez ? ». Je prenais un peu mes distances par rapport à elle. Mon ventre gargouillait, j’avais faim et surtout une envie d’une énorme tasse de café. J’avais passé la nuit dehors sans rien avaler et le mal se faisait ressentir maintenant. Avais – je eu le contre – coup ? Je ne sais pas… Je pris alors mon téléphone portable. « Je dois passer un coup de fil, j’arrive. ». Je m’isolais alors dans le couloir. Je devais appeler Joe, la tenir au courant. Elle n’avait pas répondu à mon sms et je m’en inquiétais. Je tombais rapidement sur son répondeur. Râlait – elle ? Ou bien, elle dormait ? « Ma belle, c’est moi. Je m’inquiète. Tu peux me répondre ? Je t’aime, tu sais. ». Je raccrochais et pris quelques instants pour reprendre mes esprits. Izzie était ma femme. Enfin, non plus vraiment. Elle était mon ex-femme. Mais j’avais tellement tenu à elle. J’entrepris alors de rentrer à nouveau dans son appartement. Il fallait que je sache ce qu’elle attend de moi. « Mais que veux – tu que je fasse ? Qu’attends – tu de mes gestes ? Que dois – je faire face à cette situation ? ». J’étais complètement perdu. J’avais l’impression d’être dans un rêve. Ou dans un cauchemar ?