JAMES SCOTT - J'ai besoin de
personnes qui croient en moi pour me retrouver & ainsi me reconstruire.

Aujourd’hui il fait plus beau que de coutume et cela apaise mon esprit embrumé. Que vais-je faire aujourd’hui ? Je suis de congé et j’en suis bien heureuse, de plus, avec ma blessure au bras je ne suis bonne à rien alors cela m’arrange, toutefois, cela ne me dit pas ce que je vais faire de ma journée. Me relevant et m’installant sur mon lit, je me retrouve en position assise alors que je gonfle mes joues comme pour dire que je m’ennuie sauf qu’il n’y a personne pour l’attester alors, je m’assois au rebord de celui-ci avant de décider de me lever. Que pourrais-je faire ? Déjà prendre une douche, cela ne serait pas du luxe, heureusement que j’ai de grands pansements qui m’ont été donné par le docteur Karev pour mon bras. Me levant enfin, je m’engage dans la salle de bain pour me déshabiller avec maladresse avant de pénétrer sous l’eau chaude. Elle coule le long de mon corps et lorsqu’elle atteint ma blessure un rictus de douleur s’empare de mon visage. « Ouille. » S’échappe même d’entre mes lèvres. Pensive, je me demande quand ce petit manège va enfin cesser afin que je reprenne ma vie précédente, mais je dois m’en accommoder pour le moment et cela s’avère être une tâche compliquée. Me séchant et m’enveloppant dans une serviette chaude je sais ce que je vais faire aujourd’hui, cela pénètre mon esprit d’un coup d’un seul, comme une évidence : je vais me rendre au Karen’s Café. Prenant place devant mon armoire, je décide d’enfiler une robe ample de couleur beige et j’ajuste mon pansement. Une fois tâche réalisée j’enfile mes escarpins et je me rends au café en bus puisqu’il m’est impossible de conduire. Bien entendu je sais déjà ce que je vais commander, ma boisson préférée : un délicieux moka. Je m’en lèche déjà les babines alors que j’espère secrètement une chose, que la gérante du café soit présente afin que je puisse lui parler. Elle se nomme Haley James Scott et je l’adore. C’est une artiste complète que j’admire énormément, mais il s’agit surtout d’une femme formidable avec qui j’aime discuter. Je suis un fan non pas de la première heure puisque je l’ai découverte à mon arrivée ici, toutefois, cela n’enlève rien à l’idée que je suis une de ses meilleures groupies à présents. Souriante, je pousse la porte du café avec mon bras invalide et une grimace se fige sur mon visage de poupon. Poussant un juron que je n’ose vous confier, je finis par pénétrer l’endroit. Croisant son regard, je m’avance dans la pièce en lançant un « bonjour » à toutes les personnes présentes puis, je vais au comptoir. « Bonjour Hales. » Je lance enjouée. « Comment allez-vous aujourd’hui ? » Mon sourire rayonne sur mon visage. « Je voudrais un moka s’il vous plait. » Comme toujours, ai-je envie de continuer, je m’abstiens toutefois.

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Nous sommes de bon matin et je suis heureuse de me retrouver en compagnie d’Hales. Elle est adorable comme tout et surtout elle m’a immédiatement prise sous son aile alors que je ne lui demandais rien. D’humeur joyeuse, je lui souris instinctivement, je sais que je peux avoir une confiance absolue en sa personne. Je pourrais même lui dévoiler mon secret mais suis-je réellement prête ? Puis cela la mettrait sans nul doute en danger et je ne puis le permettre, alors je me fonds dans mon mutisme alors qu’un sourire arbore toujours mon visage de poupon. J’ai commandé un moka, une délicieuse boisson que j’ai connu en venant tout bonnement au Karen’s café cependant Hales me demande si je désire manger un petit quelque chose. Je ne me suis pas rendu compte que mon ventre criait famine avant qu’elle ne me pose cette question. « Oui avec plaisir. » Je réponds simplement avant de prendre la carte des menus sous mon nez. Que pourrais-je manger à cette heure de la matinée ? Je réfléchis un instant avant de soupirer. Il y a tellement de choix et tellement de chose que je n’ai jamais encore mangé ! Alors, lui rendant la carte un sourire toujours présent sur mon visage en forme de cœur, je lui dis de bonne humeur : « Le petit-déjeuner du jour s’il vous plait. » Il me conviendra fort bien et c’est ainsi que je me résous à faire tous les jours afin de goûter et ainsi savoir ce que j’aime ou non. Me tortillant sur le tabouret devant le comptoir je demande à Hales rêveuse : « Comment va votre époux et votre petit garçon ? » Mon sourire s’agrandit sur mon visage alors que je lui pose cette question. Je rêve d’avoir une vie comparable à la sienne, je rêve de connaître le grand amour, mais aussi et surtout d’avoir des enfants un jour. Puis j’ai le temps n’ayant que dix-huit ans, pourtant, je pose une main sur mon ventre alors que je pense que je suis tombée enceinte à l’âge de mes quatorze ans par cet homme bien plus âgé que moi, à qui mon frère m’avait vendu pour avoir de l’argent, une multitude d’argent. Ne l’ai-je pas aimé avec le temps ? Si bien sûr … puis il est venu à périr malheureusement. Il souffrait bien trop pour que je ne le laisse en vie alors j’ai atténué ses souffrances de mon propre chef en l’étouffant avec un oreiller. Après avoir perdu notre enfant, je perdais mon mari. Le sourire ornant précédemment mon visage a disparu et il laisse place au désespoir dans mon regard de jeune femme. N’ai-je pas vécu mille vie durant seulement dix-huit années ? Si bien sûr, mais à qui pourrais-je le raconter ? Si cela se trouve personne ne me croirait.

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Je ne me suis pas rendu compte que j'avais faim avant que Hales me dise ce que je voulais petit-déjeuner. Dès à présent je me rends compte que mon ventre crie famine et posant une main délicate et douce dessus, je ferme les yeux un instant en pensant à ce que serait ma vie si je n'avais pas perdu mon petit garçon. Je ne savais pas de quel sexe il était, toutefois, j'étais persuadé qu'il s'agissait d'un petit bonhomme qui ressemblerait beaucoup à son père. Aujourd'hui, il aurait eu quatre ans et il serait avec moi en cet instant, dans ce café où j'aime me rendre afin de discuter avec la patronne du lieu. Oui, j'aurais pu être en compagnie de mon fils aujourd'hui même, il aurait crapahuter dans le lieu, cherchant quelque chose à se mettre sous la dent. Il se serait inventé toute une aventure dans ce café, il se serait imaginer dans un château ou je ne sais où encore. Il serait à mes côtés comme je l'avais tant espérer mais, cela est dès à présent impossible comme je l'ai perdu. Un sourire amer se dessine sur mon visage alors que je regarde ma main posée sur mon ventre. Que m'arrive-t-il ? Pourquoi suis-je si nostalgique ? Sans nul doute parce que mon amie ici présente à un petit garçon qui se nomme Jamie. Elle a beaucoup de chance de l'avoir, je suis persuadée qu'elle le sait. Je ne dois pas regretter mon passé, mais plutôt penser à mon avenir ici, à Ayden. Alors, fermant un instant mes prunelles, je l'imagine un sourire ornant son visage, au paradis avec son père. Cela laisse sa trace sur mon visage puisqu'une larme roule sur ma joue toutefois, je l'efface rapidement. J'attends avec impatience mon petit-déjeuner du jour et mon moka pour me changer les idées, mais surtout pour combler ce vide au creux de mon ventre. Est-ce réellement de la faim ? Je ne le sais et au fond je ne désire le savoir. Alors, pour reprendre le fil de la conversation je dis à Hales : « Je suis heureuse qu'ils aillent tous les deux bien. Vous avez beaucoup de chance d'avoir une famille. Je n'en ai pas moi. » Un rictus de douleur fend mon visage puis je soupire passant une main lasse dans mes cheveux. Il est vrai que j'ai perdu mes parents à ma naissance, mon frère, mon enfant et mon mari, cela fait beaucoup de décès pour une femme aussi jeune que moi.

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Lorsque Hales me parle de son destin, je lui souris. Il est vrai qu'elle a eu beaucoup de chance de trouver l'homme de sa vie aussi rapidement, au premier regard. Cela a sans nul doute été le coup de foudre et elle n'a connu qu'un seul homme dans sa vie : le véritable. Cela me laisse songeuse ... elle me dit que je suis jeune et que j'ai toute la vie devant moi. Que l'amour me tombera dessus lorsque je m'y attendrais le moins, mais n'est-ce pas toutefois déjà arrivé avec mon époux ? Certes il était beaucoup plus âgé que moi et il ne m'aimait pas. Il m'a seulement voulu parce que j'étais belle et qu'il désirait une épouse jeune, mais avec le temps ne nous sommes nous pas aimés ? Si, effectivement. Je l'ai aimé, il m'a aimé. J'étais son soleil tinté d'étoiles et cela était réciproque. Il était mon jour et ma nuit, il était devenu le centre de mon univers et cela jamais ne changera. J'ai connu l'homme de ma vie alors le connaitrais-je une fois de plus ? Je ne pense pas ... J'ai eu ma chance et je l'ai étouffé avec un oreiller parce qu'il n'allait pas survivre. Des larmes commencent à scintiller dans mes prunelles alors qu'Hales me quitte un instant. Mon assiette est arrivée avec mon moka et j'en salive par avance. Regardant l'assiette je souris à Hales avant de lui dire : « Merci beaucoup. » Avant de ne commencer à manger, je l'écoute de nouveau, songeuse. Pourrais-je lui parler de ma vie ? Lui faire part de l'intégralité de mon existence ? Alors, haussant les épaules je lui souffle : « J'ai connu quelqu'un vous savez. Il était bien plus âgé que moi, ce n'était pas l'important en fait. » Je coupe un morceau de mon omelette avant de mettre la fourchette dans ma bouche. Elle est délicieuse, vraiment gouteuse et très bien salé. Après l'avoir avalé je reprends. « Je suis née ici à Aiden vous savez, j'ai toutefois dû fuir ma ville parce que selon mon frère on nous pourchassait. » Repenser à tout ceci fait jaillir en moi des sentiments confus et je me demande si je devrais continuer ...