KAREV - Encore vous !

Ce matin je me lève avec le cœur au bord des lèvres. J'ai mal, je souffre de ma blessure au bras. Alors, brûlante de fièvre, je me lève lentement avant de me rendre dans la salle de bain pour examiner la plaie. Elle suinte. Ciel ! Que c'est moche. La blessure est profonde et il faut sans nul doute qu'elle soit désinfectée encore une fois. Je cherche dans ma pharmacie, malheureusement je ne trouve rien. Aucun alcool, aucun rouge pour désinfecter le tout. Alors, dans un éclair de génie j'ouvre le robinet pour laisser de l'eau couler dessus quand une grimace se forme sur mon visage ! Cela me fait mal, très mal, alors je décide après avoir pousser un long soupire de me rendre aux urgences. Enfilant un jeans d'une main et un t-shirt pour pas pas que le tissu frôle la plaie, j'enfile rapidement des baskets et je m'en vais en bus pour rejoindre les urgences. Le parcours me semble interminable, des yeux se posent sur ma blessure, je me sens soudainement agresser par tous ceux qui m'épient, toutefois, je garde mon calme et je ferme les yeux en pensant à autre chose. Aurais-je dû prévenir mon protecteur ? Non bien sûr que non, il n'a pas besoin de le savoir et puis s'il savait il désirait rester H 24 avec moi ce qui ne m'enchante pas. La solitude est devenue une alliée très récemment dans ma vie et je ne désire pas la laisser tomber. Alors, arrivant aux urgences, je peine à marcher convenablement. J'ai à présent l'estomac aux bords des lèvres et mon cœur bat à la volée. « Bonjour. » J'articule, avant de poursuivre. « Je suis déjà venue pour ma plaie, mais il semblerait qu'elle se soit infectée et je ... » Regardant partout honteuse je croise le regard du docteur qui m'a soigné. * Encore lui ! * ma conscience gronde alors qu'il s'approche de moi. « Docteur Karev. » Je souffle simplement en lisant son nom sur sa blouse. « Je crois que ma blessure c'est infectée, pourtant je vous assure que j'y ai fais très attention ! » Je blêmis en posant mon regard sur celle-ci. Je suppose que je vais me faire passer un savon ou bien peut-être ne dira-t-il rien comme il semble se préoccuper de ma petite personne ? Je n'ai pas besoin de lui pour me protéger, j'ai seulement besoin de soins ... Du moins c'est ce que je m'obstine à penser ...

« Josephine, tu peux vérifier les post op de Martin ? Je vais aller regarder comment se porte Camille. ». Je lui faisais alors un petit clin d’œil. Je tenais énormément à ce petit bout de femme mais je le lui cachais finalement. Nous n’étions pas officiellement ensemble mais nous nous étions déjà embrassés. Je ne savais pas vraiment comment me situer face à elle et à cette situation délicate. Enfin bref, je marchais vers la chambre de la petite Camille. Elle avait 6 ans. « Alors, ma petite princesse, comment te portes – tu aujourd’hui ? Tu as moins mal ? Tu me montres ta blessure ? ». Elle avait une cicatrice au niveau de l’abdomen. Hier, elle s’était fait opérée de l’appendicite. Une opération banale pour moi mais je faisais toujours attention à nos chères petites têtes blondes. Une fois l’examen terminé, Owen m’appela en renfort aux urgences. Apparemment, il y avait bien de monde et un résident était absent aujourd’hui. J’envoyais donc rapidement un message sur le biper de Josephine pour lui dire où je me trouvais. Et Owen avait vu juste, une fois que j’avais mis les pieds aux urgences, j’étais appelé de tous les côtés pour des enfants. Il n’y avait pas de pédiatre présent et je devais donc m’occuper de tous les petits. Mais j’adorais mon métier et il était hors de question que je m’en plaigne ! C’est alors que je vis une tête connue. C’était Daenerys. J’accouru vers elle. Elle avait 18 ans, c’était donc l’âge maximal pour que je puisse la prendre en charge. Elle était venue à l’hôpital avec une horrible blessure au bras. Je m’étais occupé d’elle mais j’étais certain que c’était une tentative de suicide. Mais impossible de la raisonner pour qu’elle voie un psychiatre. J’ai donc dû m’y résoudre et elle était partie dès que j’en avais eu fini avec sa blessure. « C’est bon, Charlotte, je m’en occupe ! ». Je lui fis donc un petit sourire. Elle se sentait déjà obligée de se défendre face à sa plaie qui s’était infectée. « Bonjour Daenerys ! Tu me suis ? Nous allons voir tout cela dans la salle de suture. » Il n’y avait jamais grand monde par là. Et je mettais un point d’honneur à m’occuper moi – même de la jeune femme. « Je veux bien te croire que tu y as fait attention. Mais où est ton bandage ? ». Je me suis alors posé une question. Comme elle avait 18 ans, je n’avais pas besoin de rencontrer ses parents. Mais où étaient – ils ? Il me semblait qu’elle avait besoin de soutien…

KAREV - Encore vous !

Je me sens étrangement honteuse devant le docteur Karev, pourquoi donc ? Cette question perce mon esprit embrumé alors que la fièvre se fait de plus en plus intense. Transpirante, j'essuie mon front du revers de ma main, mes prunelles à demi closent. Quant à sa requête pour le suivre je ne pipe pas le moindre mot. Je m'évertue seulement à marcher dans son ombre pour être la plus discrète possible. Comment arrive-t-il à me faire sentir aussi infantile ? Je ne le sais réellement, toutefois j'ai la nette impression d'être un bébé, un nourrisson à ses côtés. Je suis mineur encore aux yeux de l'état américain cependant dans de nombreux pays on peut se marier bien avant l'âge des dix-huit ans ! Cela me fait penser à mon propre mariage forcé alors que je n'avais que quatorze ans. Je me souviens de la douleur de mon premier acte sexuel non consenti, mais aussi de ma fausse couche alors que je n'avais pas atteint l'âge des quinze ans alors comment cela se fait-il que je me sente si puérile devant ce jeune docteur ? Si enfantine ? Je secoue la tête comme pour taire ses questions lorsqu'il me dit simplement qu'il me croit. Circonspecte, je le fixe sans dire le moindre mot. Puis il en vient à mon bandage, où est-il ? Oui où est-il donc passé ? Je regarde mon bras comme pour me souvenir de l'endroit où je l'ai laissé quand cela me revient. « Je l'ai ôté à la maison. » Avoue-je simplement dans un quasi-murmure. J'ajoute : « Je voulais voir ce que ça donnait étant donné que je me suis réveillée avec de la fièvre et le cœur au bord des lèvres. » Voilà que je me justifie à présent alors que je n'y suis guère obligée. Décidément j'ai la nette impression d'être une gamine peureuse et timide à ses côtés ...

A peine je lui avais posé la question, je la voyais flanché. Elle ne semblait vraiment pas bien. Je voyais alors une infirmière avec qui j’avais de bonnes relations. « Dis, tu peux m’apporter une chaise roulante ? » En attendant qu’elle ne revienne, je me mis à côté de Daenerys. « Tiens-toi à moi. Je ne voudrais pas que tu tombes. ». Je lui tenais alors le bras. Nous attendions sagement que ma collègue n’arrive. C’est alors qu’elle m’expliquait qu’elle avait simplement enlevé son bandage pour voir à quoi ressemblait sa blessure. « Tu sais, j’aurai préféré que tu la laisses avec le bandage. Ne regarde pas ce qu’il y a en – dessous. Je m’en charge. Ca, c’est mon métier, pas le tien. ». Je m’inquiétais vraiment pour lui. Mais je n’y arrivais pas, elle ne voulait pas me dire ce qu’il se passait. Et si elle s’était débrouillée pour elle – même infecter sa blessure ? Il fallait que je l’hospitalise. Je devais trouver une solution. Mais bon, vu son état à l’instant présent, cela allait être de toute façon obligatoire. Mais peut – être que Joe y arriverait. Peut-être que elle saurait lui parler, savoir ce qu’elle avait. « Daenerys, je pense vraiment que tu devrais me parler. Que se passe – t – il ? Quelle est la réelle histoire de cette blessure ? Et puis, où sont tes parents ? Je ne les ai jamais vus… ». Je ne connaissais rien de sa vie. Et il fallait que j’en apprenne plus. C’est alors que ma collègue arriva avec la chaise roulante. J’installais l’adolescente et la conduisis en salle de suture. Une fois arrivés dans cette salle, je la portais sur le lit. « Détends – toi, il n’y a que nous. Respire doucement. ». Elle semblait pouvoir faire un malaise à tout moment. J’entrepris alors de lui faire une perfusion. Il fallait qu’elle ait un médicament bien précis. Je devais l’aider à se sentir mieux …

KAREV - Encore vous !

J'arrive à peine à tenir debout tant la fièvre que je porte est forte. Je dois sans doute avoisiner les 40°C vu l'état dans lequel je me trouve dès à présent, toutefois, je lutte, je refuse de baisser les bras, de me plaindre ou encore de me tenir au docteur Karev. Je ne suis plus une enfant, plus depuis l'âge de mes quatorze ans, lorsque je me suis faite violer pour la toute première fois alors je peux tenir debout, je peux tenir bon. Pinçant les lèvres je refuse de m'accrocher à son bras comme il le désire alors qu'il demande un fauteuil roulant. Pense-t-il sincèrement que je vais rester ici encore longtemps ? Je ne veux qu'une chose : qu'on désinfecte mon bras pour que je puisse m'en aller, toutefois, cela ne semble pas être évident. Alors, je soupire, me demandant comment je vais faire pour sortir de cet endroit que je déteste tant. Les urgences ce n'est pas mon truc, je n'ai jamais voulu devenir médecin et ce n'est pas aujourd'hui que je changerais d'avis, bien au contraire ! Alors, je montre mon énervement en soupirant et en passant des mains lasses dans mes cheveux. « Je vais bien, c'est un peu de fièvre j'ai connu pire et je n'ai pas besoin de me tenir à vous ...  » Dis-je en trébuchant en  avant. Heureusement le docteur Karev me retient et toute rouge, je baisse le visage honteuse et en colère contre moi-même. Puis je soupire de nouveau, posant une main hasardeuse sur le bras du médecin, ce qui ne m'enchante pas. « Je ... j'ai joué avec le couteau voilà tout, je ne pensais pas me blesser vous savez, je ne le voulais pas et puis je n'ai plus de parents, ils sont morts à ma naissance. » Je souffle ses derniers mots. Oui mes parents sont morts et c'est la première fois que j'en parle. On l'a toujours su autour de moi et on ne m'a jamais posé la question alors cet aveux m'arrache un sanglot alors que je tiens à peine debout. « Je vois un psychiatre à cause de notre rencontre la dernière fois alors que je n'en ai pas besoin vous savez. Je voulais juste faire une expérience je ne voulais pas me faire mal. » Je finis par fondre en larmes devant le docteur Karev et je me mets ainsi à trembler de tout mon corps. Que m'arrive-t-il ? je suis submergée par des sentiments qui me dépassent fortement, toutefois je n'y peux rien et je me laisse continuer à pleurer alors que le docteur me tient toujours par le bras pour ne pas me laisser tomber lorsque le fauteuil arrive. Séchant mes larmes je m'y assois sans dire le moindre mot et je tends mon bras blessé pour que le docteur s'en occupe. Honteuse, je fixe mes pieds alors que je renifle à cause des larmes qui ont coulé.