Cela devait faire 72 heures que je n’étais pas rentré chez moi. J’avais travaillé sur le cas d’une petite fille de 6 ans qui avait une malformation cardiaque. J’avais réalisé plein de recherches. Enfin, un des internes avait fait plein de recherches pour moi et j’avais du vérifier si tout cela était faisable. Entre – temps, il y avait eu plusieurs traumas d’enfants qui étaient arrivés. Enfin bon, je n’avais vraiment pas arrêté. Mais j’étais incapable de rejoindre mon lit directement. J’avais toujours eu besoin de temps pour faire d’autres choses, pour boire une bière en regardant un film dans mon canapé, … Enfin, vous voyez quoi.

Je n’avais pas vu Joe depuis plus de 48 heures et c’était vraiment bizarre. Auparavant, elle travaillait non stop avec moi. Je passais donc toutes mes journées en sa compagnie. Mais Bailey avait décidé que les internes devaient aller vers d’autres horizons, voir d’autres choses. Je m’étais donc tapé un incapable qui ne savait rien de rien sur les enfants et qui ne savait pas parler aux parents. Joe, elle, dès que je la regardais, elle savait exactement les gestes à accomplir… Mais qu’est – ce qu’elle m’avait manquée !

Je passais enfin le pas de la porte lorsque je vis énormément de fumée. Je mis donc les bouchées doubles pour rejoindre la cuisine. Mais que pouvait – il bien s’y passer ? J’avais vu la voiture de Joe devant la maison. Mais était – elle toute seule ? Etaient – ils tous venus en même temps ? Dans la cuisine, je tombais nez à nez avec Joe en peignoir en train d’ouvrir le four et de regarder ses lasagnes. Ni une ni deux mon visage devint rouge écarlate. Il suffisait d’un seul faux mouvement de sa part et son peignoir pouvait tomber. Disons que de la rencontrer dans cet état-là était quelque peu … gênant. Et puis, elle avait ce super masque sur la figure et ses cheveux… « C’est Halloween, ce soir ? » lui dis-je en la taquinant. Je ne pouvais m’empêcher de sortir ce genre de choses. Disons qu’elle n’était pas très sexy. Mais bon, je n’allais pas la laisser comme cela, la pauvre. « Joe, file finir ce que tu faisais. Je vais m’occuper du repas… ». Je la poussais donc doucement avec mes deux mains dans son dos de la cuisine. J’allais faire à manger, un truc super facile ! J’ouvrir l’armoire à chips, en pris un paquet dont je vidais le contenu dans un plat et pris deux bière. Je m’installais dans le fauteuil prêt à mettre un film. « Joe, tout est prêt. Tu peux venir me rejoindre dans le canapé dès que tu as terminé d’enlever ton masque de Hulk ! ». Je pris mon téléphone portable et envoyais un texto à l’interne qui s’occupait de la petite avec moi. Je voulais savoir si elle allait bien, comment elle supportait l’opération, …

« Hilarant, tu veux dire ? ». J’avais assez bien le sens de la répartie. Et c’est de cette façon qu’il m’arrivait de dire ce que je pensais. Il était donc largement possible que je sois ironique. Mais c’était tout de même assez rare avec Joe. C’était une fille qui j’appréciais énormément. Mais j’avais un peu peur de m’attacher à elle. J’avais tendance à m’attacher aux filles à problèmes. Entre une qui a eu le cancer et qui s’est enfuie, une autre qui a eu une reconstruction faciale suite à un accident, … Joe était orpheline, elle ne me l’avait pas caché longtemps. Nous nous ressemblions énormément en tout point de vue.
Je fis semblant de l’entendre. Je n’avais vraiment pas envie de sortir d’ici. Des chips, des bières et un film feraient largement l’affaire ! Je n’étais pas de garde et ne reprenais pas le boulot avant 24 heures. Oh, bien sûr, s’il y avait une urgence concernant Léa (la petite de 6 ans), je courais à l’hôpital, peu importe dans quel était j’étais et ce que je pouvais bien faire. L’hôpital et mon métier étaient toute ma vie.

Joe arriva enfin. J’avais choisi un film et l’attendais sagement dans le fauteuil, prêt à remettre play. J’avais déjà remarqué que la belle mettait un temps fou à se préparer. Mais elle était toujours nickel en tout point de vue. Ses cheveux étaient toujours soyeux et sa peau semblait douce. Je ne l’avais jamais touchée. Elle était mon interne et j’étais son résident. Enfin bon, ça, à la limite, on s’en fou. Mais j’avais vraiment peur de m’en rapprocher. Peur qu’elle ne me blesse comme les autres l’avaient fait. Stop Alex, stop ! Bientôt il faudrait ajouter les violons ? « Oui, c’est ce que j’appelle préparer le dîner. Tu n’aimes pas ? Ca ne te plaît pas ? Ce n’est pas bon pour ta ligne ? ». Je la taquinais complètement. Dans le métier que nous exercions, l’avantage est que nous pouvions manger n’importe quoi. Lors de nos gardes respectives, nous avions peu de temps pour engloutir quelque chose. Il m’arrivait de ne manger qu’un sandwich sur 24 heures. Et puis, nous passions notre temps à courir dans tous les sens. A l’hôpital, je n’arrêtais pas une minute. « Comme si moi je t’évitais… C’est toi qui m’évite, non ? ». Je souriais donc légèrement. « Non, franchement, je pense que nous étions dans deux services totalement différents et que nous n’avions pas su nous croiser. Tu as travaillé avec qui ? ». Je ne savais vraiment pas ce que faisaient les autres internes et je ne m’en préoccupais pas du tout.
C’est alors que Joe me raconta ses potins. Je n’en avais pas beaucoup quelque chose à faire mais je savais qu’elle avait besoin d’en parler. Je commençais à bien la connaître cette petite. « Ah bon ? Laisse-la gérer. Mais elle va être écartée de son internat assez vite. Tout cela n’est pas vraiment bon pour sa santé… ».

J’avais vraiment oublié l’énorme appétit de Joséphine. Elle mangeait pour 4 tant dis que moi, je mangeais pour 5. Un paquet de chips ne serait vraiment pas assez, c’est certain ! « Mais quelle merveilleuse idée ! Mais on commanderait pas des pizzas aussi ? ». Je la voyais enfiler des poignées de chips. Et il me semblait que c’était le dernier de l’armoire. « Dis, la prochaine fois que tu vas faire les courses, tu peux en acheter plein, hein. Après celui – là, il y en a plus. ». Je la regardais et mon unique but était de la taquiner. Et je pense qu’elle aimait ça. Elle avait aussi du répondant cette petite.

C’est alors qu’elle me demandait de la garder avec moi la semaine prochaine. Ce n’est pas que je ne voulais pas. Mais disons que c’était compliqué. Le chef avait décidé de faire des tournantes. Il voulait que chaque interne aille un peu dans chaque service. Ce que je comprenais complètement. Certains se cherchaient encore là où d’autres savaient qu’ils étaient faits pour la pédiatrie, la neurologie ou encore l’orthopédie. Mais il faut le dire aussi, je détestais travailler avec un autre interne qu’elle. Elle faisait un travail remarquable et avait vraiment un chouette contact avec les enfants. Je lui souris alors doucement. « Oui, je ferai tout pour que tu sois dans mon service. ». Je lui fis une petite douce sur la jambe histoire de la rassurer un peu. Je me surpris à chercher un peu de contact avec elle. Je n’avais pas eu énormément l’occasion d’avoir un contact avec sa peau depuis que l’on se connaissait. Je ne sais pas, quelque chose m’en empêchait, c’était plus fort que moi. Je pense que j’avais peur qu’elle ne le prenne mal au vu de mon ancienne réputation… Quoi qu’il en soit, je l’avais très vite retirée.

J’avais un énorme défaut, j’étais un jaloux et il m’arrivait d’être possessif. Voir Joe avec un autre garçon, je ne le supporterai pas. En entendant qu’elle avait eu de la chance de travailler avec Gary, mon sang ne fit qu’un tour. Cool Alex, cool. Ce n’est qu’un interne. Elle a le droit de voir d’autres garçons que toi … « Ah oui, la grande perche sans personnalité et qui ne ressemble à rien ? ». Ou comment casser cette pauvre petite personne qui avait passé près de 48 heures avec Joséphine… J’embrayais donc directement sur sa prochaine question, je ne voulais pas m’étaler sur ce sujet. « Oui, une petite fille de 6 ans avec un problème cardiaque… Elle est encore hospitalisée là. Je veille donc sur mon téléphone. Je risque d’être appelé si elle présente un problème. Et toi, qu’as – tu appris d’intéressant avec ce Gary ? ». J’insistais fortement sur ce prénom histoire qu’elle comprenne que je ne l’apprécie déjà pas. « J’ai choisi un film d’horreur. Ca te tente ? Tu préfères voir autre chose ? » .

Nous avions l’habitude de commander des pizzas. Et je prenais toujours la même. Je fus déçu de l’entendre me demander laquelle je voulais. « Une peperonni comme d’habitude… ». Il était facile de deviner mon émotion dans ce que je lui disais. Je ne le cachais pas. Mais bon, elle ne pouvait pas tout retenir non plus. Cela n’était pas faisable…
Je n’avais plus de bière en main et me levais donc prendre deux nouvelles bières dans le frigo. Oh, ce serait certainement plus facile d’apporter le bac de bières ici mais elles ne seraient pas fraiches. Je préférais donc largement me lever. Je lançais la bière à Joe qui l’attrapait d’une fois. J’ouvris la mienne sur le bord de ce qui faisait office de table de salon. « Tu veux que j’ouvre la tienne ? ». Oh, je savais qu’elle était largement capable de le faire. Mais j’avais besoin, j’avais envie de lui parler. Mais c’est alors qu’elle me vantait encore les mérites de Gary. « Mais tu veux passer la soirée avec lui ? Tu veux que je l’appelle peut-être ? Si ça peut te faire plaisir, il n’y a pas de problème ! Tu me donnes son numéro ? ». Je me levais pour prendre notre téléphone fixe. Mais pourquoi, diable, m’ennuyait-elle avec lui ? Je détestais lui montrer mon côté jaloux. Joe, elle est à moi ! Une chose est certaine, j’allais me débrouiller pour qu’elle ne travaille plus avec lui. Comme cela, elle allait au moins me laisser tranquille avec cette grande perche. Et puis, elle le voyait où son charme ? Il était tellement … insignifiant. Il n’avait aucun charisme, il ne ressemblait à rien. Ses cheveux étaient toujours gras, il ne sentait pas bon, … Mais il avait du charme ? J’étais vraiment énervé. Mais j’essayais tout de même de me calmer. Mon bipeur se mit alors à sonner. Il y avait assez bien de traumas qui venaient d’arriver à l’hôpital et ils avaient besoin de renforts. C’était mon unique soirée de congé sur la semaine. J’entrepris donc d’appeler. « Oui, c’est Karev. Je ne suis pas bien, je ne saurai pas venir ce soir. Appelez Gary, c’est un interne, je pense qu’il n’a rien de prévu ce soir. ». Moi, méchant ? Jamais !

Vu comment elle me racontait son travail, cela ne la passionnait pas le moins du monde… « Ne t’inquiète pas, tu seras en pédiatrie avec moi, demain. On ira voir la petite, si tu veux. ». Je lui fis un de mes sourires charmeurs. Je pense que j’essayais de me faire pardonner la petite crise que je venais de lui faire et remis ma main sur sa cuisse. Elle ne faisait jamais de geste pareil envers moi. Je me posais donc des questions. Je ne lui plaisais pas ? Je me faisais des films ? Cette fois-ci, je la laissais un peu plus longtemps. « Nous allons regarder la maison de Cire. Tu es sûre que cela te convient ? Et puis, je pense que c’est plutôt toi qui viendra me réveiller si tu fais un cauchemar. ». Je lui souris quelque peu. Et je mis le film en route. Nous étions chacun dans un coin de canapé. J’avais enlevé ma main. Et pris les quelques chips qui restaient dans le plat. J’étais concentré sur le film, dans mon coin du canapé. Après une quinzaine de minutes, la sonnette retentit. Je n’avais pas du tout peur des films d’horreur. Je trouvais cela même assez marrant. La réaction de Joséphine me fit rire intérieurement. « Joséphine, ce n’est que le livreur de pizza. ». Je la regardais en souriant. Elle était tellement mignonne comme ça ! Je ne l’avais jamais vue sous ce trait de personnalité. Je revins quelques minutes plus tard, les pizzas en main. Je passais par la cuisine pour y prendre un couteau. J’arrivais sur la pointe des pieds, mon couteau en main. « Bouh ! ».

C’est alors qu’elle posa sa main sur la mienne. Cela me faisait avoir des sensations bizarres mais elles n’étaient pas désagréables. Mais tout cela fut instantané. Elle aurait pu la laisser encore quelques temps, j’aurai largement préféré. Je lui fis donc une petite moue afin de lui montrer qu’elle pouvait la laisser. Mais je ne la lui avais pas montré longtemps, de peur de me ridiculiser plus qu’autre chose. Peut-être bien qu’elle ne voulait que mon amitié. Joséphine n’était pas quelqu’un de très démonstratrice. Je devais largement me contenter de ce qu’elle me donnait, c’est – à – dire … pas grand chose. « Et bien, super ! Pas besoin de prendre le deuxième film que j’avais prévu au cas où tu ne supporterais pas ça. ». Je la regardais alors avec un petit sourire. J’avais pris également « le Diable s’habille en Prada ». « Apparemment, tu préfères la maison de Cire. On se lance alors ! » et j’appuyais sur le bouton play de ma télécommande.

Ma petite blague avec le couteau fut extra ! « Oh si, j’adore ! Je pensais que tu n’avais pas peur des films d’horreur ! ». Je le lui avais dit avec un petit sourire comme je le faisais si bien lorsque je voulais la taquiner. Mais je ne sais pas vous dire si elle aimait cela ou pas. Mais moi, je prenais un malin plaisir à le faire ! J’arrivais généralement à trouver la petite phrase qui faisait qu’elle ne pouvait jamais savoir ce que j’allais lui répondre ou lui dire… C’est alors qu’elle se mit à courir à travers la maison après moi. J’avais soigneusement posé mon couteau sur le petit buffet qui était le seul meuble de cette pièce. N’étant jamais présent, je me foutais complètement de savoir ce qu’il y avait comme décoration ici. Si Joe voulait le faire, qu’elle se lance ! Elle me tapotait le torse. J’avais mon t-shirt mais j’avais l’impression que son poing entrait directement en contact avec ma peau. Mais qu’est-ce que c’était agréable. Elle aurait pu continuer des heures et des heures. « Oui, on peut arrêter si tu le veux. Tu veux que l’on change de film ? » Sa tête n’était qu’à quelques centimètres de la mienne et j’étais paralysé, incapable de faire quelque chose. Est-ce que je dois l’embrasser ? Partir ? Et si je l’embrassais mais que ce n’était pas ce qu’elle désirait ? Cela pourrait gâcher tellement de choses entre nous. Je pourrais perdre son amitié. Je tentais alors la question. « Est-ce que c’est ce que tu veux ? ». Je le murmurais presque et je souriais quelques peu en l’attrapant par la taille. Je n’attendis pas la réponse à sa question pour l’embrasser. Je craquais complètement devant elle. Je ne savais pas faire autrement. J’espérais tellement qu’elle me rende mon baiser…